Depuis que mon parcours dans l’univers du vin m’a mené à eux, je suis fasciné par les vins de volcans, vins de feu.
Et je ne suis pas le seul puisque dès l’Antiquité, les vins du Vésuve et des îles grecques étaient déjà très réputés. Mais pourquoi? Pourquoi aller s’installer dans des endroits si inhospitaliers, pentus, arides, parfois carrément explosifs, pour cultiver péniblement la vigne ?
L’histoire viticole de l’humanité
C’est que très tôt dans l’histoire viticole de l’Humanité, on a compris que ces terres brûlées inspirant la crainte et le respect donnaient des vins hautement concentrés, gorgés de minéraux, qui détonnaient magnifiquement avec le reste de la production de l’époque.
En effet, sur ces sols magmatiques pauvres, les plants peinnent à fournir beaucoup de grappes, induisant par conséquent des rendement bas (peu de raisins).
Le résultat ? Des cuvées d’une qualité et d’une typicité hors-norme. Comprenons-nous bien, il existe de nombreuses variations géologiques capable de produire de grands vins. Mais les sols volcaniques ont quelque chose de particulier. Quelque chose qui m’allume.
Mais comment des sites si éloignés, aux climats si variables et aux cépages si différents pourraient produire des vins ayant certains traits communs ? Aujourd’hui encore, géologues, chimistes, sommeliers et vignerons débattent de cette question.
Toutefois, on admet maintenant assez généralement que la complexité géologique de ces sites offre des vins denses aux notions fruitées moins dominantes, mais aux concentrations minérales spectaculaires (nous reviendrons d’ailleurs sur cette notion de minéralité dans un prochain article).
Alors que ce soit sur les flancs escarpés de l’île de Santorini en Grèce, sur les hauteurs fumantes de l’Etna, volcan le plus actif d’Europe, ou dans les douces vallées de l’Oregon, qui cachent bien son passé apocalyptique, partons à la découverte de ces vins de volcans, vins de feu
Vin de feu, de cendres brûlantes et d’héroïsme :
Littéralement enracinées dans l’ancienne caldera d’un volcan éteint, les vignes du prestigieux domaine » Filippi « ont les pieds directement fixés dans le magma solidifié.
Issu de la culture agrobiologique et d’une démarche « nature » (voir article sur les vins nouveaux genres), les flacons de la maison détonnent du reste de l’offre de l’appellation Soave, qui mise surtout sur une production de volume. Or ici, c’est la démarche opposée que l’on embrasse, en créant des crus hautement qualitatifs sur les meilleurs terroirs de la région.
Fruit du cépage Garganega, la cuvée Castelano se déploît sur une fraîcheur et une suavité désaltérante. Légèrement trouble à l’oeil et fermentaire au nez à l’ouverture, le tout se précise rapidement avec un court séjour en carafe.
S’offre ensuite un bouquet très fin de fruits du verger (pomme, poire, abricot) et de fleur blanche. Comme tous les vins dégustés dans le cadre de cet article, il révèle une minéralité saline qui s’étire longtemps en bouche. Remarquable sur un tartare de saumon lors de votre prochain souper à la maison au bord de la piscine.
Nichées au cœur des terres calcinées de la Campanie, qui abrite un des volcans les plus célèbres d’Italie, le Vésuve, les vignes du domaine poussent entre la brûlure du soleil et celle des entrailles de la Terre.
La variété Fiano, naturellement très aromatique, propose avec cette cuvée des parfums de fruits de la passion tels l’ananas, le coing et la banane. S’invitent également à la fête quelques nuances épicées comme la vanille et le safran. Finement boisé, ce vin présente une texture grasse envoûtante qui s’étire sur une minéralité aux accents fumés.
Les possibilités à table sont presque infinies avec ce vin, mais je vous le proposerais volontiers sur des gnocchis maison avec écume de bolet et champignons de saison comme ceux que découvert au Tandem un restaurant de fine cuisine
Vins de volcans, vins de feu signés Gamay

Situé sur les hauteurs du terroir d’Auvergne, plus important vignoble volcanique de France, « The lost vineyard » représente bel et bien un secret bien gardé.
Sur d’anciennes coulées de basalte s’encrent des vignes de Gamay noir qui donnent des jus frais et aériens, pouvant partager des traits avec certains crus de Beaujolais, mais avec un quelque chose de très … (surprise, surprise)… minéral!
Dans cette cuvée gourmande et gouleyante s’affirme sur des notes de cerise, de griotte, de poivre, d’iris et de quelque chose qui rappelle la pierre mouillée.
L‘archipel des Îles Canaries, territoire espagnol au cœur de l’Atlantique, est un autre bel exemple du caractère héroïque des vignobles volcaniques.
Fruit de quelques pointes émergées de la ceinture de feu, ces sols noirs ont été la terre d’accueil du cépage Listan negro, à la base originaire de Castille, sur le continent.
Mais sur ces îles balayées par le vent océanique, les bourrasques peuvent atteindre une telle puissance que l’on doit protéger la vigne de petits murets pour éviter qu’elle ne soit déracinée. Partout où la lave a coulé et où la grappe peut mûrir, les humains ont fait preuve d’ingéniosité pour parvenir à extraire la précieuse sève de ces paysages dévastés.
La cuvée Tinto tradicional du domaine Tajinaste est produite dans la vallée de l’Orotava. Au nez, on jurerait une syrah du Rhône nord avec ses notes de framboise, fraise, olive noire, poivre …. et une finale bien fumée qui rappelle son lieu d’origine, comme une pluie de cendre fruitée et épicée. Un beau spectacle! Il saura magnifier un carré d’agneau aux herbes de Provence, par exemple.
Et avec les températures à la baisse et l’automne qui se profile au coin de la rue, pourquoi ne pas laisser ces vins de volcans, vins de feu, faire éruption au creux de votre coupe ?
Samuel Dubois de Violette Som et l’équipe du restaurent Tandem
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